samedi 17 mars 2012

Ubuntu à l’assaut des collectivités locales ?

Dans un récent billet, Mark Shuttleworth, le fondateur d'Ubuntu nous expose son prochain plan de bataille. Après le monde du pc personnel et celui du serveur cloud, Shuttleworth compte s'inviter dorénavant dans les appels d'offre de marché public.
Constatant un problème de certification auprès de grands fournisseurs pour les distributions Linux locales, Shuttleworth propose une solution Ubuntu Certified, adaptée pour chaque collectivité locales ou régions.
Les détracteurs de Canonical Ltd. y verrons une attaque contre la diversification des distributions Linux avec la disparition de ces ces distribution locales. Mais ce serait aussi une belle opportunité pour le Logiciel Libre.


Utilisation d'Ubuntu par les collectivités par Mark Shuttleworth
(Trad. Libre : Winael, Correction et relecture : NeoSting, julmx, Nicolas Karageusian et Julien Soulignac)

Les administrations font un usage de plus en plus efficace d'Ubuntu dans des projets d'envergure, allant de la gestion d'une grande quantité de données à celle de petites écoles. Il y a une confiance croissante envers l'open source dans les milieux gouvernementaux, et une sophistication croissante de la manière dont ils s'y engagent.

Mais adopter de l'open source ne signifie pas seulement remplacer un morceau par un autre. L'Open Source n'est pas seulement un substitut au logiciel propriétaire empaqueté. Il est beaucoup plus malléable dans les mains des industries et des utilisateurs, et vous pouvez, par la suite, vous y engager de façon très différente. Ça m'interesserait d'entendre les chefs de file de la fonction publique sur la manière dont ils pensent que les administrations pourraient s'ameliorer avec l'open source, en adoptant sa souplesse. Par exemple, plutôt qu'un logiciel «taille unique», pourquoi ne pouvons-nous pas offrir des versions taillées sur mesure de Ubuntu pour les régions ou pays différents, voire des départements ou autre ? Pourrions-nous permettre à l'administration de la ville de Francfort de commander un PC équipé d'Ubuntu édition allemande pré-installé ?

Ou bien nous pourrions aller plus loin, et permettre à ces administrations de participer à la définition et à la production du processus de certification? Ainsi, plutôt que d'avoir à certifier exactement le même code que celui que tout le monde utilise, ils pourraient créer une version qui serait aussi «certifié Ubuntu" et pleinement compatible avec tout l'écosystème Ubuntu, pouvant être commandé pré-installé chez des grands fournisseurs tels que Dell et Lenovo, mais possèdant une game de logiciels certifiés localement, de personnalisations et de certifications ?

Si nous élargissons notre réflexion au-delà de "se substituer à l'existant", comment pourrions-nous faire en sorte que les fabricants de PC puissent proposer des offres beaucoup plus pertinentes, et une meilleure quaité aux administrations grâce aux Logiciels Libres? La plupart des procédés industriels ont été mis en place dans l'esprit [fragile,et] figé, des Logiciels Propriétaires. Mais nous sommes maintenant en mesure de conduire le changement, s'il ya une meilleure façon de faire, et des clients pour l'exiger.

Ainsi, pour un temps limité seulement, vous pouvez me joindre à l'adresse suivante : governator@canonical.com (il y avait simplement trop de  références culturelles pour y résister, et ce n'est pas une boîte aux lettres qui sera encore nécessaire à l'avenir ;). Si vous êtes dans la fonction publique, ou concerné par la façon dont les gouvernements et administrations peuvent utiliser l'open source au-delà de simplement commander un grand nombre de machines à un coût moindre, envoyez-moi une note et nous entamerons une conversation.

Voici quelques germes de pensées à explorer et considérer.

Des éditions locales ou nationales d'Ubuntu, certifiés et pré-installé par des grandes marques

Beaucoup d'administrations achètent dores-et-déjà des PC sur le marché mondial avec Ubuntu pré-installé. Plusieurs appels d'offres canadiennes[canadiens plutot ? s'accorde avec des appels d'offre] ont été remportés par des entreprises qui fournissent des PC avec Ubuntu pré-installé. La même chose est vraie au Brésil en Argentine, en Chine en Inde en Espagne et en Allemagne. Nous voyons des pays ou des provinces qui avaient auparavant un Linux maison, qu'ils avaient dû préparer et installer eux-même, s'orienter vers des machines Ubuntu pré-commandées.

Cela est possible en partie parce que les grandes marques de PC ont acquis une expérience et une confiance suffisante pour travailler avec Canonical et Ubuntu afin d'être en mesure de répondre à ces appels d'offres. Vous pouvez appeler Dell ou Lenovo, et commander des dizaines de milliers d'ordinateurs portables ou ordinateurs de bureau avec Ubuntu pré-installé, et ils seront prêt à temps, certifiés. Les autres marques sont en train de suivre. Il nous a fallu du travail pour en arriver là, mais nous avons une usine qui traite tout ce travail en douceur depuis Shenzen jusqu'à Taipei. Si vous voulez des dizaines de milliers d'unités, tout fonctionne bien.

Mais Ubuntu, ou un Logiciel Libre en général, n'est pas Windows. Vous ne devriez pas avoir à accepter cette histoire de logiciel "taille unique". Nous avons vu naître toutes ces éditions locales, ou ces "Linux Nationaux", précisément en raison de la volonté qu'ont les régions de construire quelque chose qui leur convienne réellement. Et Ubuntu, avec ses paquets diversifiés, sa culture ouverte et sa licence permettant le remix convivial est un très bon point de départ. Beaucoup de distribution régionales espagnoles, par exemple, sont basés sur Ubuntu. Elles ont l'avantage d'être paramétrés pour répondre aux besoins locaux mieux que ce que nous pouvons faire avec la version classique d'Ubuntu, mais l'inconvénient d'etre difficiles à faire certifier auprès des principaux éditeurs de logiciels (ISV) et fournisseurs indépendants de matériel (IHV).

Je me suis demandé comment nous pouvions formaliser cette souplesse, afin que nous puissions obtenir le meilleur des deux mondes: avoir les personnalisations locales et les préférences exprimées par les administrations qui soient compatible avec le reste de l'écosystème Ubuntu, afin qu'ils puissent profiter de tous les logiciels des compétences et des certifications que l'écosystème et la marque apportent. Et afin qu'ils puissent le commander pré-installé à n'importe quel  grand fabriquant mondial de PC, sans problème, et qu'ils puissent mettre à niveau vers la prochaine version d'Ubuntu sans perdre toute la personnalisation que le travail qu'ils ont fait.

Certifications de sécurité par des agences locales, avec cadre réglementaire et mises à jour

Une force de défense européenne a récemment adopté largement Ubuntu dans le cadre d'une stratégie de renforcement de la flexibilité pour donner aux soldats et employés de bureau des moyens d'accés sécurisés à leur environnement de bureau à partir d'emplacements distants, comme... leur domicile, ou le terrain. Il y a ici une innovation vraiment sexy, mais il y a aussi, Ubuntu tel que nous le connaisons et l'aimons. Dans ce processus, il est apparu que leur gouvernement a certifié certaines versions spécifiques d'applications clés comme OpenVPN, et ce serait très utile pour eux si ils pouvaient faire en sorte que ces versions soient celles utilisées majoritairement par les administrations du pays.

Bien sûr, aujourd'hui, cela signifie à chaque fois une installation manuelle de la bonne version, et un suivi des mises à jour. Mais Ubuntu pourrait faire ce travail, si elle en savait assez sur les exigences et les politiques, et s'il y avait un moyen sûr de conserver ces politiques à jour. Pourrions-nous faire en sorte que le système d'exploitation réponde à ces politiques, même si elle ne sont pas directement gérés par une infrastructure centrale ? Si Ubuntu «sait» qu'il est censé se comporter d'une façon particulière, peut-on lui faire faire une grande partie du travail lui-même ?

La même idée est aussi utile dans un contexte organisationnel. Et la question clé est de savoir si nous pouvons le faire, tout en conservant à la fois l'accès à l'ensemble de l'écosystème Ubuntu, et la compatibilité avec les processus de production, de sorte que ces machines pourraient être commandées et arriveraient pré-installées et prêt à l'emploi.

Adaptation locale et culturelle

Sur une note moins sécuritaire, l'idée qu'Ubuntu puisse être adaptée à la culture locale est très attrayante. Chaque région ou communauté a ses sites d'informations, ses langues, ses applications préférées ainsi que ses protocoles et conventions. Peut-on élargir la conception et la définition de l'expérience Ubuntu afin qu'elle s'adapte naturellement à ces normes d'une manière beaucoup plus riche et significative que nous le pouvons aujourd'hui avec Windows ?

Quels pourraient être les domaines clés de la personnalisation ? A Qui ferions-nous confiance pour les définir ? Comment pourrions-nous combiner la diversité de nos communautés locales (LoCo Teams) avec la direction d'Ubuntu et les formalités des autorités gouvernementales ou régionales ? Est-ce que nous *voulons* faire ça ? C'est un sujet très intéressant, parce que l'intérêt d'avoir des plates-formes officiellement reconnus est à peu près sur un pied d'égalité avec la valeur d'avoir une personnalisation crowdsourcé, axé sur la communauté et répondant aux critères de flexibilité. Néanmoins, peut-on trouver un modèle dans lequel les gouvernements ou les groupes civils pourraient souscrire à la création d'éditions reconnues d'Ubuntu qui puissent s'adapter aux normes culturelles locales ? Pourrions-nous obtenir une meilleure expérience utilisateur si l'on faisait ça ?

Développement des compétences locales

Bon nombre des efforts des"Linux nationaux" se concentrent sur la construction de petites équipes d'ingénieurs, de concepteurs et de traducteurs qui sont chargés de mettre une saveur locale à la technologie ou aux contenus de la distribution. Nous avons des contributeurs de presque (peut-être réellement ?) tous les pays, et nous avons des membres de Canonical dans près de 40 pays. Pouvons-nous en assurer la coordination d'une manière intéressante ? Je suis souvent frappé, quand je rencontre ces équipes, par le manque de confort d'équipes qui se sentent comme des start-ups, intervenant dans des ministères - cela n'a jamais semblé une solution idéale pour aucune des parties.

Parfois, les équipes sont très ciblée; l'un de ces projet de Linux-Local est presque entièrement assuré par des enseignants, parce que la genèse de l'initiative était dans l'informatique à l'école, et ils ont bien travaillé dans ce but. 
                                                                                          
Mais pourrions-nous les réunir ? Le Ubuntu-déjà-distribué et les équipes-locales-embauchées-pour-se-concentrer-sur-du-travail-local semblent hautement complémentaires ; pourrions-nous créer des équipes qualifiés dans le travail de développement de distributions, gérées dans l'effort général d'Ubuntu , mais chargées des priorités locales ?

Les investissements publics dans le leadership du secteur

Les gouvernements avisés commencent à s'assurer que la recherche et développement qu'ils financent est disponible sous licences ouvertes. Que ce soit des licences de contenu ouvert, de licences open source, ou sous les termes de licences RAND-Z (NdT: Reasonable and non-discriminatory with zero royalty, licences raisonnables et non discriminatoires à redevance nulle), il s'agit d'un point de vue raisonnable qui veut que les informations ou des outils payés avec l'argent public doivent être accessibles à ce public à des conditions qui leur permettent d'innover davantage ou de créer des entreprises ou de faire des analyses par eux-même.

Certains de ces investissements se révèlent être des logiciels. Par exemple, les gouvernements pourraient accorder la priorité à la recherche génomique, automobile, ou aérospatiale et tout au long de ces recherches ils pourraient _publier_ des morceaux de logiciels appropriés. Comment pourrions-nous rendre ce logiciel instantanément disponible pour toute personne utilisant version locale d'Ubuntu ? Ferions nous de même avec le contenu ? Comment pouvons-nous faire cela sans remettre de la novlangue sur le bureau ? Y a t-il des corps de logiciels existants qui pourraient être open source, mais qui n'ont pas d'habitat naturel et qui sont essentiellement coincés sur les disques durs des gens ou sur des bandes ?

Il ya de multiples facteurs qui aménent les institutions publiques à migrer vers l'open source, principalement la reconnaissance, après de nombreuses années, de la qualité et la flexibilité que fournit une plate-forme ouverte. L'austérité est une autre source de motivation pour changer. Mais la participation, le fait que l'open source peut être dirigé et façonné pour répondre aux besoins de ceux qui l'utilisent tout simplement en participant à des projets ouverts, n'a pas encore été pleinement exploré. Il y a là matière à réflexion.

Et il y a encore beaucoup à explorer. Si cela vous interesse, et si vous êtes en mesure de participer à bâtir quelque chose qui s'adapterait à un tel contexte, alors s'il vous plaît, contactez moi. Directement via The Governator, ou via mon bureau.
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Un grand merci à julmx, Nicolas Karageuzian, Julien Soulignac, et NeoSting pour leur aide sur la relecture et la correction. Merci d'avoir répondu présent. 

1 commentaire:

  1. SALUT merci pour l'info. Et puis bien que ubuntu s’intéresse aux institutions publiques. j'en ai fait l'expérience. Je pense que cela sera d'un apport inestimable.

    RépondreSupprimer